Dans son rapport annuel sur la Sécurité sociale en septembre dernier, la Cour des comptes pointe du doigt le remboursement et le marché des prothèses auditives. Le rapport recommande une réforme du système qui limite volontairement le nombre d’audioprothésistes formés par les écoles tenues par la profession et ce afin de contenir le nombre de points de ventes et les marges des praticiens. Le rapport est suivi par deux études récentes, menées par par le cabinet d’expertise Financière de la Cité et un contrat d’assurance couvrant un distributeur consulté par Le Parisien-Aujourd’hui en France, qui mettent l’accent sur le même problème et dénoncent l’opacité des tarifs des audioprothésistes.
Un pourcentage énorme de malentendants non appareillés
Une enquête Ipsos révèle que plus de 85% des malentendants en France ne sont pas appareillés en raison notamment du prix trop élevé des prothèses auditives.15% seulement de patients équipés d’appareils auditifs, un pourcentage très faible en comparaison avecd’autres pays européens tels que la Scandinavie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, où le pourcentage des personnes malentendantes appareillées atteint de 40% à 50% .
Le patient français se trouve obligé, en effet, de payer 3000 euros pour s’équiper. Sur ce montant, la Sécurité sociale lui rembourse 120 euros et les mutuelles 350 euros par appareil, le patient doit donc débourser près de 1200 euros par oreille. Sur les 500.000 appareils auditifs vendus chaque année, la Sécurité sociale ne rembourse que 60 millions d’euros; un montant estimé trop faible par les concernés.
Le président de l’Unsaf, Luis Godinho, dénonce de son côté le faible taux de remboursement: «Les modalités de remboursement n’ont pas évolué depuis 30 ans». Le représentant syndical déclare toutefois être «prêt à négocier avec les pouvoirs publics pour s’accorder sur un prix fixe compris entre 800 et 1500 euros, une base qui faciliterait ensuite la négociation avec les mutuelles». De cette façon les prix des audioprothèses pourraient baisser en France ce qui augmenterait le pourcentage des patients appareillés.
Les pratiques des audioprothésistes pointées du doigt
Les deux études pointent du doigt les pratiques des audioprothésistes en affirmant que la phase de fabrication d’un appareil reviendrait à 450 euros dont 50 euros de matières premières. Ils précisent que c’est le processus de la distribution qui pèse le plus lourd dans le prix final des audioprothèses. En effet, 80% de la valeur du secteur est créée lors de la phase de distribution et la hausse énorme du prix de vente reviendrait notamment aux audioprothésistes dont on accuse l’opacité des tarifs . Étant donné que ces derniers sont les seuls habilités à commercialiser des prothèses auditives en France , sur prescription d’un ORL, il leur incomberait cette multiplication par 60 des prix initiaux des appareils.
Toutefois, Luis Godinho, explique cet écart énorme entre le coût de production et le prix de commercialisation des appareils auditifs par l’accompagnement des patients et affirme que «la marge nette des audioprothésistes ne dépassait pas 10% en 2011».