Les pharmacies sont enfin autorisées à commercialiser les assistants d’écoute préréglés. Une décision rendue publique par un décret du Journal officiel du vendredi 22 août 2014 et qui intègre les aides auditives dans la liste des produits vendus dans les pharmacies en les incluant parmi les « dispositifs médicaux à usage individuel d’une puissance maximale de 20 décibels ». Largement saluée par les fabricants des aides auditives, cette décision est critiquée par les syndicats des audioprothésistes, Unsaf et Synea, qui mènent un procès depuis 2012 contre le principal fabricant d’aides auditives, Sonalto.
Un assistant d’écoute, c’est quoi au juste ?
Les assistants d’écoute ou sonophones sont des aides auditives numériques préréglées, ils diffèrent des prothèses auditives en ce sens où ils sont des amplificateurs de son. Disponibles sans l’intervention d’un spécialiste et ne nécessitant aucun réglage individuel, ils s’adaptent aux patients ayant des troubles auditifs légers.
Tant que la perte auditive est légère et stable, ces appareils d’assistance auditives peuvent être utiles, « Mais en cas de perte auditive évolutive, ce qui est fréquent, aucun réglage ultérieur ne pourra être réalisé, il faudra alors investir dans une aide auditive classique », précise le Dr Paul Zylberberg, vice-président de la Journée Nationale de l’Audition.
Pour de nombreux médecins ORL, il s’agit d’un bon produit de dépannage. 15 000 personnes en sont déjà équipées en France, selon le fabricant Sonalto. En effet, du point de vue coût, ces appareils semblent être la meilleure solution pour résoudre les problèmes auditifs des personnes sourdes et malentendantes non appareillées. Les aides auditives sont cinq fois moins chers que les prothèses auditives traditionnelles, leur prix ne dépasse pas les 300 euros alors que le prix des prothèses auditives classiques est fixé en moyenne à 1600 euros et peut même atteindre les 3000 euros pour le haut de gamme.
Rappelons à ce propos que parmi les 6 millions malentendants en France, seuls 15% d’entre eux sont équipés d’un appareil auditif. Seul problème : le remboursement de ces aides auditives n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale, un problème qui n’est pas d’ailleurs grave vu leur prix accessible.
Les professionnels de l’audioprothèse et les fabricants des assistants d’écoute : réactions divergentes
Pour le grand fabricant des aides auditives, Sonalto, la décision de la ministre de la Santé Marisol Touraine constitue « un geste fort en faveur des malentendants et des pharmaciens ». L’entreprise a salué, dans un communiqué, cette démarche qui vise à libérer le marché de l’audioprothèse de l’emprise des audioprothésistes qui réclamaient le monopole de vente des assistants d’écoute. « C’est un grand soulagement », a déclaré à l’AFP le président de Sonalto, Maxence Petit, qui affirme que plus de 15 000 assistants d’écoute ont déjà été vendu en pharmacie mais qu’ils étaient face à un « flou juridique ».
Les professionnels de l’audition, quant à eux, ils ne sont pas satisfaits par cette nouvelle mesure. Ils pointent du doigt l’incompétence des pharmaciens à choisir le bon appareil et à effectuer le suivi nécessaire du patient. Luis Godinho, président de L’UNSAF (syndicat national des audioprothésistes), a déclaré à l’AFP que « Cette décision a été prise sans aucune concertation, qui plus est alors qu’un procès est en cours ».
Les fabricants des aides auditives ripostent que les professionnels de santé craignent de perdre une partie importante du marché de l’audition qui représente près de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Un marché en pleine expansion vu l’augmentation considérable du nombre des personnes souffrant de déficience auditive. Selon Sonalto, qui commercialise les aides auditives depuis 2011, les audioprothésistes «auraient souhaité intégrer ce nouvel appareil auditif dans leur monopole de distribution».